Mes dernières chroniques

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vendredi 15 janvier 2016

Verrazane : Quand New York s'appelait Angoulême

Auteur : Jacques Habert
Edition : Librairie Académique Perrin
ISBN : 2262010412
Pages : 258 pages




RÉSUMÉ

En avril 1524, à bord de la Dauphine, Jean de Verrazane, envoyé par François Ier, à la recherche d'un passage vers l'Asie, découvre le site où se dresse aujourd'hui New York et l'appelle "terre d'Angoulême", du nom que le roi portait avant d'accéder au trône. Explorant, le premier, la côte atlantique des États-Unis actuels, il lui donne les noms des grands personnages de la Cour : Marguerite, la sœur du roi, Louise, sa mère, Bonnivet, l'amiral de France, Vendôme, Lorraine, Alençon... L'ensemble des pays découverts sera nommé "Nova Gallia" - la Nouvelle France - sur la carte que dressera son frère Jérôme. Avec lui, il fait d'autres voyages, dont on ne savait rien avant la découverte récente de plusieurs manuscrits anciens : en 1526, il se lance sur les traces de Magellan; en 1527, il ouvre à la France le commerce du Brésil; en 1528, il se rend aux Antilles et y trouve une mort horrible. Si le navigateur d'origine florentine doit être, en France, appelé Verrazane plutôt que Verrazano (nom que porte à New York, grâce à l'auteur de ce livre, le pont géant inauguré en son honneur), c'est que pendant toute sa vie publique, qui se déroula entièrement en France, il fut toujours désigné sous une forme francisée de son nom, et que lui-même n'en utilisa jamais d'autre. Ce marin humaniste, Européen avant la lettre, resta toujours fidèle à son pays d'adoption et sut le bien servir. Dans cette histoire passionnante, fondée sur des documents inédits, c'est un personnage nouveau que révèle Jacques Habert : Jean de Verrazane mérite sa place dans l'épopée des grandes découvertes et dans l'histoire de France.


L'AUTEUR

Né le 26 septembre 1919 et décédé le 6 août 2012, Jacques Habert était un politicien français.
Jeune officier engagé volontaire dans l'aviation et résistant durant la seconde guerre mondiale il fût nommé professeur d'histoire au lycée français de New York en 1947.
Directeur du journal de France-Amérique, il a rappelé dans sa thèse soutenue en 1954 à l'université de Columbia, que la baie de New York avait été exploré par les Français et que le navigateur d'origine florentine Jean de Verrazane avait donné le nom de « Nouvelle Angoulême » à cette terre en hommage au roi François Ier.
Il a ainsi continué à gravir les échelons. En 1967 il fut le premier Français nommé officier de l'Ordre national du Mérite par le Général de Gaulle.

MON AVIS

Comme la majorité d'entre vous j’imagine, Jean de Verrazane m'était totalement inconnu jusqu'à il y a environ un an. C'est drôle : je vis en Normandie depuis les années 2000, j'ai donc été derrière les bancs d'écoles écouter les inlassables leçons d'histoire sans jamais entendre parler de cet homme ni de son navire. Christophe Colomb, Magellan, Vasco de Gama, Henri le navigateur, Marco Polo et bien d'autres explorateurs. Tous ceux là on les connaît par cœur. Mais Jean de Verrazane, je n'avais même pas entendu son nom auparavant.

On le sait tous : beaucoup de personnages historiques sont tombés dans l'oubli pour de multiples raisons et c'est fort regrettable. Je me souviens de ce cours d'histoire de l'Art en première année aux Beaux Arts, où l'enseignante nous relatait que les femmes avaient eu énormément de difficultés à se faire une place. Et c'est vrai ! Regardez : les rares dont on connait le nom ne sont pas connues pour leur propre identité. Je prendrai pour exemple Camille Claudel dont Auguste Rodin (dont je suis pourtant une fervente admiratrice) s'est approprié de nombreuses œuvres. Mais un homme, un explorateur qui plus est, comment peut-il tomber dans l'oubli de façon aussi délibérée ?

Alors comment ? Comment un homme destiné à de grands projets a t-il pu sortir de l'ombre quatre siècles après sa disparition ? Argent, pouvoir, conquête,... Finalement les ambitions humaines étaient déjà les mêmes au XVI ème siècle.

C'est ainsi que nous avons une image très stéréotypée de nos célèbres explorateurs et ancêtres à l'époque des grandes explorations. Des hommes assoiffés de pouvoir qui en veulent toujours davantage et qui sont prêts à tout détruire pour y parvenir, allant jusqu'à qualifier les indiens de "sauvages". Des sauvages selon leurs critères. En lisant le livre de Jacques Habert, on a une preuve de plus que ceux sont ces mêmes "sauvages" qui vivent en harmonie avec la nature et qui la respecte le plus, tandis que les Européens viennent la détruire à coups d'armes. Redites-moi, qui sont les "sauvages" ?! 

Et justement, c'est ce qui va différencier Jean de Verrazane de ses confrères ! C'est un homme respectueux, sensible, ouvert, troublant même. 

Ainsi, nous n'explorons pas le nouveau monde à travers un œil qui a déjà des préjugés mais à travers celui qui s'émerveille devant l'immensité et la beauté de la nature avec la même naïveté qu'un enfant tout en conservant la culture et la réflexion d'un adulte. Jean de Verrazane était un homme prévenant et bienveillant qui aimait prendre soin de son équipage à une époque où la brutalité faisait partie des mœurs.
J'ai donc croisé son fantôme au détour d'une route et croyez-moi lecteur, son histoire est passionnante !
Mais commençons par le début. Lorsque le roi François Ier le missionne, le monde est en guerre. La France se bat contre l'Espagne et le Portugal. Les routes habituelles sont peuplées de pirates et extrêmement dangereuses. L'argent manque aussi, il faut rapidement découvrir un nouveau passage et raccourci vers les Indes afin d'y trouver de l'or, de la soie et des épices (car oui, à l'époque les épices valaient une fortune !). C'est ainsi que nous partons à bord de la Dauphine pour explorer de nouvelles routes sur la grande toile bleu qu'est l'océan. À bord, nous découvrirons que le peu de connaissances était le motif de phobies considérables chez les marins. Ils parvenaient à se persuader que la mer était peuplée de monstres de toutes sortes. Mais, la cerise sur le gâteau, c'est que l'on voyage dans le temps. On replonge dans le passé pour explorer un monde qui a été anéanti. Un monde qui aujourd'hui est citadin, que nous connaissons en tant que très grande ville puisqu'il s'agit essentiellement de New York, et qui, il y a environ 400 ans, était un véritable paradis terrestre. On fait la connaissances d'indiens enthousiastes, pleins de joie de vivre, parés de couleurs qui aiment danser et respectent la nature plus que tout. 

En écrivant cela je ne peux pas m'empêcher de me dire, "oui mais qu'y a t-il de nouveau ? On le sait déjà tout ça". C'est difficile d'exprimer ce que l'on ressent, la reconnaissance, l'admiration même que l'on éprouve envers un personnage historique qui ose défier toutes les lois de son époque en parvenant à ne jamais franchir de limites pénales. On a envie de hisser son visage en haut d'un mât et de hurler au monde entier, "C'est lui, c'est Jean de Verrazane. Il respectait les indiens mieux que personne !". Et puis il y a ce besoin de partager avec vous cette découverte si jolie car s'est uniquement de cette façon-là qu'on sort nos ancêtres de l'oubli. 



 
QUELQUES CITATIONS

"Que votre Majesté ne croie pas qu'elle ressemble à la forêt hercynienne ou à l'âpre solitude de la Scythie et des plages septentrionales, couvertes d'arbres vulgaires ; car celles-ci sont ornées et vêtues de palmiers, de lauriers, de cyprès et d'autres essences inconnues en notre Europe."

"Quelques-uns portent des guirlandes de plumes d'oiseaux."

"Alors, l'ayant déposé à terre, au soleil, au pied d'un monticule, ils multipliaient les gestes d'étonnement, considérant la blancheur de sa chair et examinant en détail tout son corps."


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