Pietra Viva

Auteurs : Léonor de Récondo

Parution : 29 Août 2013
Edition : Sabine Wespieser
Collection : Littérature Française
ISBN : 2848051523
Pages : 228 pages
Prix : 20 euros

RÉSUMÉ

Michelangelo, en ce printemps 1505, quitte Rome bouleversé. Il vient de découvrir sans vie le corps d’Andrea, le jeune moine dont la beauté lumineuse le fascinait. Il part choisir à Carrare les marbres du tombeau que le pape Jules II lui a commandé. Pendant six mois, cet artiste de trente ans déjà, à qui sa pietà a valu gloire et renommée, va vivre au rythme de la carrière, sélectionnant les meilleurs blocs, les négociant, organisant leur transport. Sa capacité à discerner la moindre veine dans la montagne a tôt fait de lui gagner la confiance des tailleurs de pierre.
Lors de ses soirées solitaires à l’auberge, avec pour seule compagnie le petit livre de Pétrarque que lui a offert Lorenzo de Medici et la bible d’Andrea, il ne cesse d’interroger le mystère de la mort du moine, tout à son désir impétueux de capturer dans la pierre sa beauté terrestre.
Au fil des jours, le sculpteur arrogant et tourmenté, que rien ne doit détourner de son œuvre, se laisse pourtant approcher : par ses compagnons les carriers, par la folie douce de Cavallino, mais aussi par Michele, un enfant de six ans dont la mère vient de mourir. La naïveté et l’affection du petit garçon feront resurgir les souvenirs les plus enfouis de Michelangelo.
Parce qu’enfin il s’abandonne à ses émotions, son séjour à Carrare, au cœur d’une nature exubérante, va marquer une transformation profonde dans son œuvre. Il retrouvera désormais ceux qu’il a aimés dans la matière vive du marbre.

L'AUTEUR

Léonor de Récondo est née en 1976. Elle est une artiste talentueuse qui a débutée le violon à l'âge de cinq ans. Son talent précoce est rapidement remarqué, et France Télévisions lui consacre une émission alors qu’elle est adolescente.
Fille d'un sculpteur, elle a passé une majeure partie de son enfance en Toscane et notamment dans les carrières de marbre de Carrare qu'elle connait très bien.
Elle a notamment, en avril 2010, et en collaboration avec la chanteuse Emily Loizeau (dont j'aime énormément la musique), créé un spectacle mêlant musique baroque et musique actuelle.
En octobre 2010, elle publie La Grâce du cyprès blanc aux éditions Le temps qu'il fait et, en janvier 2012, Rêves oubliés chez Sabine Wespieser éditeur.

 

MON AVIS

Je ressens un flot d'émotions tellement intense que je ne sais par où commencer.
J'ai découvert et lu ce roman à la fois dans le cadre des matchs de la rentrée littéraire Priceminister ainsi que dans celui de la 15eme édition du Prix des lecteurs de l'Armitière.
Pour ceux qui me connaissent un peu, le dessin c'est mon oxygène. Depuis que je sais comment l'on tient un crayon dans sa main, je ne peux plus me passer du dessin à travers lequel je fais passer tout ce que je peux ressentir. Ayant suivi un cursus artistique, je voue une admiration sans fin à Rodin qui lui-même a voué une grande passion à Michel Ange. A sa différence, il faut savoir que si certaines œuvres de Rodin restent inachevées, c'est une volonté de sa part. Ce sont effectivement des œuvres dites autonomes, car elles prennent vie grâce au regard du spectateur qui s'imagine alors la sculpture s'extirpant de la pierre.
Aussi vous comprendrez à quel point ce roman a pu me toucher et j'en suis ressortie des étoiles pleins les yeux.

Bercés par une musique paradoxalement muette, nous suivons Michelangelo au fond de lui-même. La Toscane fraîchement marquée par la grande peste nous offre ses paysages subliminaux. Les caprices des montagnes, mais également la profondeur des océans.
En orbite planent a la religion, les croyances païennes, la mythologie, les légendes, les contes.
Voir la description faite à la page 187 où les hommes autrefois ont imaginé que des morceaux de lunes seraient tombés dans une ville qu'ils ont alors appelée "Luna".
 Il y a une description des muscles saillants, des proportions parfaites qui font du corps ce que l'on appelle un "canon de beauté", qui fait que l'on ressent jusqu'au tréfonds de soi-même la beauté idyllique que décrit le génie de la sculpture.
Ce qui fait également la grandeur de ce roman, c'est cette rencontre entre l'artiste apriori antipathique et l'enfant qui, tel le petit prince séduisant le renard, va apprivoiser l'homme qui prétend ne pas aimer les enfants en hurlant à la page 47 "Va-t'en ! Je déteste les enfants !", et, qui finit par rechercher la présence de ce petit garçon.
A travers un voyage sensoriel, les questions naïves d'un homme simple d'esprit et d'un petit garçon vif,  curieux et spontané, Michelangelo fera le deuil de sa propre enfance qu'il pensait avoir oubliée.

Il est à noter que dans le reportage "Regards sur Michel Ange" de France Culture et qui est passionnant, Léonor de Récondo nous relate la structure de son histoire  pour écrire Pietra Viva ou "Pierre Vive"  !