La nostalgie heureuse

Auteur : Amélie Nothomb

Parution : 21 Aout 2013
Edition : Albin Michel
Collection : Littérature générale
ISBN : 2226249680
Pages : 152 pages
Prix : 16.50 euros

RÉSUMÉ

"Tout ce que l'on aime devient une fiction."

EXTRAIT

"Tout ce que l’on aime devient une fiction. La première des miennes fut le Japon. A l’âge de cinq ans, quand on m’en arracha, je commençai à me le raconter. Très vite, les lacunes de mon récit me gênèrent. Que pouvais-je dire du pays que j’avais cru connaître et qui, au fil des années, s’éloignait de mon corps et de ma tête".

MON AVIS

Je me souviens de cette discussion avec Anna au début des années 2000 où elle m'avait évoqué Hygiène de l'assassin. J'ai lu Mercure, ce fut une révélation ! De là est née une grande passion pour une auteur que je trouve admirable.

C'est donc avec une certaine frénésie que chaque année j’attends le nouveau roman d'Amélie Nothomb qui inaugurera la rentrée littéraire. A force de lire un même auteur, bien souvent on cerne son style d'écriture, parfois même on se lasse un peu.

La nostalgie heureuse est le vingt-deuxième roman d'Amélie Nothomb, mais c'est également son sixième roman autobiographique.
Or ce nouveau roman m'a énormément surprise ! C'est tel qu'Amélie définie ses retrouvailles avec Rinri "indicible".

Chargée d'émotions, Amélie Nothomb se livre ici comme jamais elle ne l'avait fait auparavant. Elle n'oublie cependant pas les ingrédients habituels qui sont la subtilité, la spontanéité, la franchise, l'humour, les jeux de mots délirants, les paradoxes, les anecdotes auxquelles on attache tellement d'importance ainsi qu'un néologisme formé de plusieurs noms de poètes que j'ai adoré page 123 "Mallarimbaudelappolverlavilloncatubanvibashômaeterlverhaerpétrarquelamarvigny, il y a du magma de poètes dans mon crâne, je ne peux en dégager aucun."

A l'occasion d'un reportage pour France 5, Amélie Nothomb retourne au pays du soleil levant, auquel elle s'est sentie arrachée à l'âge de 5 ans, et où elle n'a plus mis les pieds depuis 1996. 
Ainsi Amélie nous entraîne dans un voyage fabuleux à travers le Japon. Elle y retrouve la nourrice qui a bercé son enfance, qu'elle considère comme sa "seconde maman".

"Ce n'est pas elle qui est perdue face à nous, c'est nous qui sommes perdus face à elle. Elle détient un savoir capital : elle connait l'art de ne plus assimiler ce qu'elle refuse. Nous voudrions tous être capable de ce prodige." 

"Nous avons chacun une vieille mère, qui n'est pas forcément notre mère de sang, mais que nous vénérons pour des motifs immémoriaux."

Nous la suivons ensuite sur les bancs de son école maternelle "Maria Yôchien", restée indemne bien qu'à 500 mètres, la maison d'enfance d'Amélie se soit écroulée.

"En route, la réalisatrice m'explique que le nom de l'école est Maria Yôchien : l'école maternelle de la Vierge Marie. Je tombe des nues.
- J'étais dans un établissement catholique sans le savoir ?
- Nous avons retrouvé des photos des enseignantes. Elles étaient vêtues en religieuses. Vous ne l'aviez pas remarqué ?
- Dans mon souvenir, elles étaient habillées en infirmières."

"Arrive une femme avec un album rempli de photos de classes datant du néolithique. Nous examinons celles de l'année 1970-1971. J'ai l'impression de chercher un caillou dans un jardin zen quand soudain je reconnais une petite fille boudeuse dans un rang d'enfants sages. Je m'écrie :
- Watashi desu !
"C'est moi !" Jamais de ma vie je n'ai prononcé ces mots avec tant d'intensité."

Nous nous rendons ensuite à Fukushima constater les dégâts. C'est un passage poignant, celui qui m'a sans doute le plus bouleversée. Amélie y décrit la vie qui s'est arrêtée. Puis vient le tour des retrouvailles avec Rinri, l'amour de ses 20 ans que les lecteurs de Ni d'Eve ni d'Adam connaissent un peu. Enfin nous terminons à Tokyo ainsi qu'au parc d'Ueno avant de nous envoler pour Paris en survolant l'Himalaya. 

"« Natsukashii » désigne la nostalgie heureuse, répond-elle, l’instant où le beau souvenir revient à la mémoire et l’emplit de douceur. Vos traits et votre voix signifiaient votre chagrin, il s’agissait donc de nostalgie triste, qui n’est pas une notion japonaise."

"Jure-toi, Amélie, que tu n'auras plus jamais de chagrin ni même de mélancolie; qui a frôlé l'Everest n'en a pas le droit. Le maximum que je t'autorise, désormais, c'est la nostalgie heureuse."

Enfin, si vous souhaitez voir le documentaire "Une vie entre deux eaux" réalisé par France 5 pour la collection Empreinte, il sera rediffusé le 19 Septembre. Je l'ai également trouvé sur un blog dans son intégralité : ici