Mes dernières chroniques

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dimanche 12 janvier 2014

Inside

Auteur : Alix Ohlin
Traducteur : Clément Baude
Edition : Gallimard
Collection : Du Monde Entier
ISBN : 2070137945
Pages : 362 pages
Prix : 22.50 euros


RÉSUMÉ

Psychothérapeute de talent à Montréal, Grace tombe par hasard, alors qu’elle skie pour se changer les idées, sur le corps inanimé d'un homme qui vient de faire une tentative de suicide. Elle n’hésite pas à secourir ce mystérieux inconnu mais réalise très vite que ses sentiments pour lui ne sont pas aussi simples qu’elle veut bien l’admettre. Sortant difficilement d’un divorce douloureux, Grace se sent irrésistiblement attirée par cet homme qui semble cacher tant de choses…
Entre-temps, une de ses patientes, Anne, une adolescente troublée qui vient d’avorter, s’enfuit à New York pour faire du théâtre. Quand elle trouve, quelques années plus tard, une jeune fugueuse enceinte réfugiée dans le hall de son immeuble, Anne ne peut s’empêcher de la recueillir chez elle. Pour le meilleur et pour le pire…
Mitch, thérapeute à la dérive - et ex-mari de Grace -, fuit le bonheur de peur qu’il ne se sauve. Il quitte la femme dont il est amoureux et part en mission dans une communauté en difficulté de la région arctique. À son retour, une vieille amie lui apprend que Grace a été victime d’un accident de voiture. Immobilisée, cette dernière a besoin d’aide, notamment pour s’occuper de sa petite fille. Peut-on renouer des liens après dix ans d’absence ?
Inside couvre une décennie, nous promenant de Montréal à New York en passant par Hollywood et le Rwanda. Ce roman nous offre une fresque intimiste qui touche par sa justesse et sa sensibilité. À travers ces différentes destinées chaotiques, Alix Ohlin scrute nos identités et les failles sur lesquelles chacun de nous se construit malgré tout, jour après jour, envers et contre tout. Répétitions, échos, variations : qui sommes-nous réellement à l’intérieur ?



L'AUTEUR

Alix Ohlin est née et a grandi à Montréal. Elle vit aujourd'hui à Easton en Pennsylvanie et enseigne au Lafayette College ainsi qu'au sein du Warren Wilson MFA Program for Writers. Elle est l'auteur de deux romans et de deux recueils de nouvelles.
Inside est son premier livre traduit en français.

MON AVIS

Inside qui signifie "à l'intérieur" est un roman facile et agréable à lire. Chose étonnante, on ignore vers quoi on évolue et paradoxalement on a envie d'en savoir plus. Ce phénomène est sans doute lié au fait que l'on alterne les années en fonction des chapitres, se promenant dans le temps.
L'écriture est fluide et les personnages sont intéressants.

Grace, la psychothérapeute qui s’investit complètement dans son travail et qui aime ce qu'elle fait est quelqu'un d'à la fois doux, de dynamique, de curieux et de complexe. C'est elle qui nous lie à chacun des trois autres personnages.

Tug est un homme brisé. Voyageur né, ses actions humanitaires l'ont anéanti. C'est un homme profondément humain, extrêmement sensible et gentil mais qui a tellement besoin d'oublier ce qu'il a vu qu'il tente de fuir la réalité par tous les moyens. J'ai particulièrement été touchée lorsqu'au chapitre 8 il se dévoile et raconte le Rwanda. J'aime le contraste pointé du doigt entre nos petits tracas de la vie quotidienne dont nous nous faisons une montagne en paradoxe avec ceux qui tentent de survivre.
Ainsi à la page 248 il décrit "Les gens ont besoin d'aide, alors vous distribuez de l'eau et du riz, vous emmenez les enfants malades à l’hôpital et vous discutez avec leurs parents. Chaque jour qui passe est une gare de triage, une tornade d'activité effrénée, un sprint. Vous oubliez le crédit qu'il vous reste à rembourser ou la dernière fois que vous êtes allé chez le dentiste. Vous n'avez pas le temps de penser à toutes ces choses-là, et ça ressemble à la liberté."
J'aime également cette métaphore du ménage d'après guerre où le peuple a besoin de "nettoyer le passé". Page 254 "Kigali puait le cadavre pourri, avec des mouches partout et des meutes de chiens devenus si agressifs et gras de chair humaine que les gens les abattaient sur place. Ça et là, les premiers exilés investissaient les maisons vides, et les voir laver les sols était surréaliste, un geste de routine domestique dérisoire par rapport au besoin de nettoyer ce qui s'était passé."
Et pour conclure avec ce chapitre là on découle sur une suite logique qu'est la fatalité mais également qui va à l'encontre du métier qu'exerce Grace lorsqu'à la page 263 Tug lui dit "Tu peux raconter aux gens ton histoire, ou n'importe quelle histoire terrible, ça ne fait aucune différence. Les choses continuent d'arriver, indéfiniment."

Anne est l'archétype de l'enfant qui a tout ce qu'il lui faut matériellement, mais dont les parents exigent la perfection et en attendent tellement d'elle qu'elle est vouée à l'échec vis à vis d'eux. Intelligente et fine elle souffre en silence et mène une vie à la "Carpe Diem". C'est un personnage pour qui j'ai éprouvé de l'affection bien qu'elle soit assez excentrique aussi bien durant son adolescence que plus tard dans sa vie de jeune adulte. L'ambiance, la description, le vocabulaire, les mots, les abréviations, tout nous rappelle bien l'univers qu'est celui du show biz et la vie d'une actrice. Et tout ceci est amené de façon suffisamment souple pour qu'on l'intègre sans même s'en apercevoir.

Mitch est lui aussi thérapeute. C'est un homme assez complexe puisqu'il fuit le bonheur de crainte de le perdre. Peut être est-ce lié à l'échec auquel il est confronté malgré lui dès le début du récit ?!
Par amour pour une femme il serait pourtant prêt à sacrifier beaucoup de choses. C'est un homme proche des enfants aussi bien au début du roman dans sa relation avec Martine où il s'éprend de son petit garçon Mathieu, qu'ensuite avec Sarah la fille de Grace ou encore avec ses neveux et sa nièce qu'il aime taquiner. Très dévoué envers les autres ce serait presque l'homme parfait s'il ne fuyait pas ses responsabilités.

Finalement il y a énormément de fuite dans ce roman et on le retrouve à la page 323 lorsque Anne plaque tout et change à nouveau de vie "Débarassée de tout son attirail, elle se sentait insouciante, à l'aise. Pendant des années elle avait fui de vie en vie, et ce n'était pas le moment de s'arrêter. Les gens comme Hilary et Alan n'étaient que des fugueurs provisoires. Ils finiraient toujours par rentrer au bercail; ils appartenaient à l'endroit d'où ils venaient. D'autres en revanche, étaient voués à partir, encore et toujours."

Si j'ai apprécié chacun des quatre personnages, en revanche j'ai trouvé antipathiques beaucoup de ceux que forment les seconds personnages. A commencer par la personne qui tente de culpabiliser Mitch, Martine ou encore Marcie qui est désagréable au possible et qui agit comme une enfant gâtée. Ce sentiment n'est pas intégral puisque j'ai apprécié Sarah ou encore les personnages rencontrés au Rwanda, les parents de Tug également.

Je n'ai pas pu m'empêcher de rire devant le cliché des enfants qui tentent d'attirer le lapin en lui tendant un hamburger à la page 342.

Pour conclure je dirai que l'on étudie les personnages en profondeur, on intègre la peau des personnages, celle de Grace et ainsi on est dans la psychanalyse, non pas de ses patients mais de chacun des personnages. Et, de par sa configuration, ce roman m'a un peu rappelé Ensemble c'est tout d'Anna Gavalda.

Lu dans l'intérêt de la 15eme édition du Prix des lecteurs de l'Armitière j'aurai beaucoup de difficultés à arrêter un choix entre celui-ci, Pietra Viva et Consolation, qui, très différents, se valent les uns les autres.

^^ :-3 :D :p :-* :-} :-~ :-] :( ;) O_o :-! :-= :-o :)

6 commentaires:

  1. J'aime la couverture et ton billet donne bien envie !

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    1. Mille fois merci pour tout ♥. Il est très agréable à lire :).

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  2. Et pour ne rien ôter à la beauté de ton billet, la couverture du livre est vraiment joli

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    1. Oui !! D'ailleurs je voulais faire une photo en situation et finalement je ne l'ai pas fait, du moins pour le moment.

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  3. Hey, Montréal, c'est près de chez moi ^^ Je ne connaissais pas ce livre, mais ta critique me donne envie de le découvrir si je le vois à la biblio un jour !

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    1. Une ville que je rêve de découvrir. Avec plaisir Sandrine. :)

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